Actualité #19

Millésime 2025
par Brice de La Morandière 

Début août, la vigne nous promettait un très beau millésime: qualitatif, généreux et certainement précoce. La Nature a ensuite testé notre capacité d’adaptation avec, mi-août, une canicule relativement longue accélérant la maturité et l’annonce de pluies abondantes pour la fin du mois, au moment prévu des vendanges. Comme chaque année, nous nous adaptons aux conditions naturelles, sans concession à la recherche de qualité.


Notre objectif est de toujours privilégier l’équilibre des maturités technique et phénolique, en refusant toute contrainte logistique alors qu’on sait bien qu’elles existent. Il a fallu adapter notre logiciel pour trouver la bonne date de vendanges. Nous avons ainsi décidé de l’avancer, de moduler celle des grands crus, de modifier la structure des équipes. 


Cette vendange 2025 nous a particulièrement challengés avec, en fait, deux canicules successives - une première d’une dizaine de jours à la fin du mois de juin, puis celle d’août - et l’approche de précipitations. L’expérience, bien sûr, vient aider à la prise de décision mais un doute peut persister, c’est en partie la beauté de faire du vin. Un échange bienveillant avec des amis vignerons contribue alors à la réflexion, nous conduit à prendre un peu plus de risques…


Globalement, l’année viticole s’est bien passée. Les nappes phréatiques avaient été largement remplies par le millésime 2024 pluvieux et un hiver 2025 classique, humide, sans froids excessifs. La période du début du printemps, fort redoutée désormais avec son risque de gelées matinales, s’est aussi bien déroulée et les éoliennes que nous avons déployées n’ont pas eu à être mises en marche. Quelques pluies pendant la fleur, autour du 1er juin, ont provoqué un peu de coulure qui limite le potentiel de récolte sans en affecter la qualité. Après la première canicule, le mois de juillet est conforme aux moyennes de saison, sans excès de soleil ni d’eau. Les raisins sont dans un excellent état sanitaire.


La deuxième canicule va changer le profil du millésime. Les raisins murissent plus vite, les acidités se réduisent et un front potentiellement orageux particulièrement pluvieux se dessine pour la fin du mois. Nous décidons de lancer les vendanges le 22 août dans une météo clémente. Nous les terminons le soir de la première pluie dont l’abondance tiendra ses promesses au cours des jours suivants. Le millésime 2025 s’avère modeste en quantité, avec une belle concentration et une délicate pureté aromatique. 


©Jérome Bryon

Portrait de Louis Brière 

Louis Brière a eu conscience dès ses premiers jours au Domaine Leflaive que c’est temps long qui façonnne les grands vins de Bourgogne. A seulement 46 ans, Louis fait déjà partie de la mémoire du Domaine.  Il se souvient très précisément du jour où il est entré dans la maison, en janvier 2008. 

« Anne-Claude Leflaive m’avait dit alors : « Je vous embauche pour vingt-cinq ans ». Et ça fait bientôt dix-huit ans ! ». 


Chef de cave à Puligny-Montrachet, il définit son rôle comme une minutieuse mission : «Prendre soin des vins au quotidien». Et il se garde bien de se l’approprier parce qu’il s’agit d’un travail d’équipe. Pour l’épauler, il peut compter sur une œnologue et un technicien caviste, ainsi que trois personnes à l’étiquetage et aux expéditions. 


Louis est né à Carcassonne, très loin de la Bourgogne. Après un début de carrière en Alsace, comme prestataire de services pour le groupe Paetzold qui conçoit des solutions oenotechniques, il a toujours rêvé d’exercer dans un vignoble qu’il chérit. « Je me considère Bourguignon, ose-t-il. J’aime la région, j’aime la complexité de ses vins. Si l’on prend seulement le chardonnay, c’est le même cépage qui se décline de Chablis à Mâcon ! ». 


Parce que le bon vin sur ces terroirs se prépare à la vigne, le chef de cave se réjouit des raisins à sa disposition : « Au Domaine Leflaive, nous avons la chance de nous inscrire dans la continuité pour toujours privilégier la qualité des raisins et donc de nos vins. L’élaboration de ces grands vins, se fait au gré de séances collectives de dégustation, qui interviennent régulièrement dans la vie du domaine ». 


Le métier de chef de cave est affaire de certitudes et de doutes qu’il faut savoir juguler. « Au Domaine Leflaive, nous ne changeons pas le paradigme des élevages au gré des modes, nous nous adaptons aux millésimes. Tout simplement parce que le vin est vivant ! ». 


©Jérome Bryon

On aime, on soutient !

Avec cette nouvelle rubrique, le Domaine Leflaive souhaite donner un coup de projecteur sur un événement ou une initiative bourguignonne. 


Événement associatif annuel lancé en 2019, le Trophée des Bourgognes réunit étudiants et vignerons autour des vins de la région. Très peu de concours sont dédiés à une géographie viticole en particulier. « Nous avons créé l’événement pour engager la nouvelle génération de consommateurs, avec peut-être une façon assez bourguignonne de le faire, pédagogique et sympathique ! Et ce sera comme une victoire le jour où un ancien étudiant passera dans un domaine, dix ans après avoir participé, pour devenir allocataire d’un vin qu’il a goûté » expliquent les organisateurs. 


Le temps d’un week-end, et d’une amicale mais disputée compétition, l’édition 2025 aura réuni quinze équipes issues des meilleures écoles ou universités françaises et européennes (Polytechnique, AgroParisTech, ENS, Dauphine, Oxford, Cambridge…). Le concours s’est déroulé le samedi 18 octobre, au Château de Meursault, avant qu’une paulée réunisse, le soir même dans les chais, participants et partenaires. La journée du lendemain fut consacrée à des visites-dégustations à Pommard, comme chaque année autour d’un village de la Côte de Beaune. 


Le Trophée des Bourgognes casse aussi les codes de ce genre de concours et de la dégustation à l’aveugle, où il s’agit souvent de dérouler une série de vins rouges, blancs, liquoreux jusqu’aux vins mystères. « Après une première épreuve théorique, nous proposons plutôt quatre séries de quatre vins comprenant systématiquement deux rouges et deux blancs côte à côte » poursuivent les organisateurs. « Les étudiants sont invités à reconnaître d’abord un niveau d’appellation, puis une sous-région, un village…. Chaque année, nous sommes impressionnés par le niveau très élevé des participants ». 


Pédagogique, le Trophée des Bourgognes entend aussi remettre la dégustation dans le contexte et la culture des Climats. Plus de 40 partenaires vignerons, domaines familiaux, maisons de négoce et coopératives contribuent à en faire un succès depuis bientôt sept ans.

Ce rendez-vous a été imaginé par Achille de La Morandière, Henri Frangin et Maguelone Dunoyer. 


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